Alors que, dans le premier TPB de la série, on assistait au reformatage de la Doom Patrol par l'esprit génialement tordu de ce fou furieux de Morrison, ce deuxième volume, libéré de tous passages explicatifs ou de mise en forme, permet à l'auteur écossais de se lâcher totalement.
Accrochez vos ceintures ! Voici un ouvrage qui n'hésite pas une seule seconde à foutre un coup de pied au cul au lecteur et à l'impliquer totalement (soit par sa culture générale, soit par une recherche d'information) et ce, en intégrant pléthore de références artistiques. Qu'elles soient littéraires/poétiques (Richard Huelsenbeck, un des fondateur du dadaïsme; le cercle des Poètes du Lac par les voix de De Quincey et Coleridge; Hughes Mearns; William Butler Yeats...), graphiques (Giovanni Battista Piranesi; Richard Dadd...) ou encore architecturales (Gaudi...), ces références font toutes parties intégrantes du récit. Formant en quelque sorte une base de données culturelle dont Morrison se sert comme d'un jouet pour nous pondre une série qui est sans doute l'un de ses meilleurs travaux à ce jour.
The Painting That Ate Paris voit donc l'apparition de personnages hauts en couleurs: The Brotherhood of Dada (l'équipe de super-vilains la plus déjantée qui soit), Decreator (l'anti-Dieu), Willoughby Kipling (une sorte de John Constantine en roue libre); mais aussi de concepts diablement intéressants: la peinture se représentant à l'infini capable de contenir une multitude de mondes, le cerveau de Crazy Jane modélisé sous la forme d'un réseau de métro, le nouveau corps de Robot Man
Graphiquement très ancré dans les années 80, le travail de Richard Case n'est pas en reste. Bien que le côté "daté" de son style puisse rebuter au premier abord, on ne peut que constater l'inventivité du bonhomme avec une mise en page qui sait être plus libérée aux bons moments. De plus, comme son scénariste, Case n'hésite pas à citer lui aussi des références (qui auraient pu être plus originales il est vrai, cf. les montres dégoulinantes à la Dali) qui contribue à l'ambiance générale de la série.
Pour ne rien gâcher, les couvertures de Simon Bisley sont de toute beauté ! Entre collages, peintures et expérimentations diverses, elles collent parfaitement à la folie ambiante.
Un must-have!