Suite du premier tome de Berlin (La Cité de Pierre), Ville de Fumée prend la suite directe des évènements tragiques du 1er mai 1929, ou des manifestants s’étaient fait massacrés sans raison par les forces de l’ordre, et nous emmène jusqu’en août 1930.
C’est toujours notre palette de personnages introduits au tome précédent que nous suivons – avec quand même de nouveaux arrivants -, une brochette prise parmi toutes les strates sociales et politiques de l’Allemagne de l’entre-deux-guerres. Et le contexte géopolitique ambiant va fortement influer sur leurs futures actions.
Jason Lutes nous fait rentrer de plein pied dans ce Berlin où règnent de vives tensions et une montée croissante de l’extrême-droite, conséquence directe de l’appauvrissement du pays après la fin de la 1ère Guerre Mondiale. La minutie de la reconstitution frise le perfectionnisme, tant sur le plan historique que sur les dessins : d’une maniaquerie à toute épreuve, Lutes reconstitue chaque ruelle, chaque voiture, chaque lampadaire de la manière la plus historiquement précise.
Mais ce n’est pas par sa reconstitution détaillée ni l’académisme rigoureux des dessins qui constituent le point fort de la série Berlin, mais bien les personnages. Et c’est là que le bât blesse par rapport au tome précédent : même si les personnages restent toujours aussi bien caractérisés, l’ensemble est beaucoup moins prenant. Peut-être parce que Jason Lutes a voulu trop en faire : On a parfois l’impression qu’il est tombé dans le travers de se regarder écrire, de se regarder faire. Et ce qui en ressort sera toujours moins bon qu’un auteur sincère. Ce n’est peut-être qu’une impression, mais je n’ai pas retrouvé là l’empathie envers les personnages que j’avais pu ressentir au premier tome.
Des dessins remarquables de minutie et une reconstitution historique toujours aussi précise, mais une réelle baisse au niveau des personnages. A ne prendre que si vous avez totalement adhéré à la première partie.