Troisième Big Book consacré à Transmetropolitan chez Panini, la série culte de Warren Ellis et Darick Robertson. L'album comprend encore une fois 12 épisodes, et malheureusement, vue la qualité de l'ensemble, passe bien trop vite...
Transmetropolitan, c'est l'histoire de Spider Jerusalem, journaliste dans une ville futuriste trash : une ville, ou plutôt un monde ou règnent le sexe, la violence, la déviance, la corruption, un monde où tous nos travers sont amplifiés jusqu'à la déformation.
Mais pour autant, les scénarios de Warren Ellis sont férocement d'actualité malgré, pour ce Big Book, leurs bientôt dix ans d'âge. Et tout le monde en prend pour son grade : la police, l'Église, l'État, la masse populaire, le journalisme... Néanmoins, le scénario très intelligent et divertissant de Warren Ellis vaut surtout pour sa maîtrise des dialogues et son humour grinçant : corrosifs, trash, très vulgaires, mordants, les dialogues de Spider Jerusalem font partie des rares écrits sur lesquels je rigole vraiment...
Et Ellis arrive à nous tenir 12 épisodes à la suite sans nous ennuyer une seconde, soit avec des sagas de quelques épisodes, souvent dues aux enquêtes de Spider Jerusalem pour rétablir la vérité, ou alors avec des épisodes qui se suffisent à eux-mêmes, comme un récit composé uniquement des pensées de Spider tandis qu'il se ballade en ville, un récit où on est propulsé à la place d'un journaliste qui interviewe ce même Spider, ou encore un récit ou Spider délire, récit dessiné en partie par, excusez du peu : Lea Hernandez, Kieron Dwyer (Remains), Bryan Hitch (Ultimates, The Authority), Frank Quitely (WE3, The Authority, New X-Men) et Eduardo Risso (100 Bullets). Mais Warren Ellis n'oublie pas pour autant ses autres personnages, et on aura également droit à un épisode centré sur ses deux "Sordides Assistantes" comme Spider aime à les appeler. Et, malgré l'indépendance de la plupart des récits, ceux-ci sont toujours bercés par un fil conducteur, certes ténu mais toujours présent.
L'humour ravageur et trash de Transmetropolitan n'enlève cependant rien au fait qu'il s'agit vraiment de récits intelligents et prenants qui amènent à réfléchir tant ils se rapprochent de certains faits d'actualité.
Sur les dessins, Darick Robertson (The Boys, The Punisher, Fury) produit peut-être là ce qu'il a fait de meilleur et arrive à rendre palpable chaque recoin de rue, chaque ruelle sordide et sale de cette ville futuriste totalement décalée. Il apporte, de plus, une vraie dimension aux personnages grâce à des expressions faciales détaillées et nombreuses, et gère comme un pro tout ce qu'il a à illustrer (combats, décors, personnages), rehaussé grâce à une excellente gestion de cases et un storytelling très efficace s'il n'est pas spécialement original.
En bref, Transmetropolitan est réellement un must have de la gamme Vertigo : si vous n'avez que quelques titres à choisir dans le tas, Transmetropolitan doit obligatoirement en faire partie. Un titre qui, en 10 ans, n'a pas perdu un poil de son mordant.