Difficile travail que de critiquer une œuvre aussi aboutie que Supreme, tellement on est sûr d'en louper plus de la moitié... A chaque livre Alan Moore m'étonne, je dois dire que c'est assez surprenant, même quand il reprend un titre d'Image créé par Rob Liefeld nous contant les aventures d'un énième clone de Superman. Alan Moore reprendra la série de l'épisode 41 au 56, et est également l'auteur de la mini-série qui y fait suite, à savoir Supreme : The Return. Le premier volume US, repris par Delcourt, comprend les épisodes 41 à 52. Le deuxième comprend la fin de la série et la mini-série qui s'ensuivra, et fera l'objet d'un second volume chez Delcourt courant 2009. Il va sans dire que je l'attend avec impatience.
Alan Moore réinvente Supreme dès le début : par le biais de ce que les Supreme des autres réalités appellent la redéfinition (comprendre, un relaunch), notre Supreme à nous va essayer de retrouver la mémoire à l'aide d'anciens comics où il apparait, en faisant appel à ses anciennes connaissances ou tout simplement en se creusant un peu les méninges. Chaque renvoi dans le passé va faire l'objet de mini-épisodes ancrées dans leurs époques respectives : par exemple, la jeunesse de Supreme, se passant dans les années 40, va être dessinée et contée comme un comics des 40s. Et on a droit, en plus d'une analyse pertinente des préoccupations de chaque époque, aux poncifs des comics revisités, tels le super-vilain attitré de Supreme (sa némésis), la pierre qui lui a donnée ses pouvoirs (le Supremium), le vilain anti-Supreme, les héros alliés (dont un clone de Batman, un d'Aquaman...), le fidèle chien doté de pouvoirs, les parents aimants... : Alan Moore revisite les comics des années 40 aux années 80 en faisant preuve d'une grande rigueur et surtout avec un enthousiame qui fait plaisir à voir.
Et cela tout en mettant en parallèle le Supreme d'autrefois avec celui d'aujourd'hui, puisque les intrigues du Supreme actuel sont savoureuses : voyages dans le temps, dimensions parallèles, Alan Moore joue avec les concepts comme il sait si bien le faire pour notre plus grand bonheur. Un délice.
Sur les dessins, Joe Bennett, de son trait très (trop ?) Image 90s, se charge de la partie actuelle de Supreme, tandis que les retours dans le temps son assurés par le trait nostalgique de Rick Veitch. C'est triste à dire, mais les "nouveaux" dessins font pâle figure à côté des autres... Bennett est le genre de dessinateur interchangeable, au trait tout sauf personnel. Heureusement, ses dessins restent assez dynamiques pour le scénario d'Alan Moore.
En bref, une déclaration d'amour aux comics comme on en voit peu. Hautement recommandable.